L’affiche

afficheIl semble à ce que j’ai pu lire par-ci par-la que certains soient un peu déçus de l’affiche qui a été dévoilée avant-hier. Sans doute, sommes nous habitués à une programmation flamboyante à Glastonbury comme par exemple avec la venue de Rolling Stones en 2013, ou la triplette ultra médiatique (pour ne pas dire people) de 2011: U2, Coldplay, Beyoncé. Mais d’une part, Glastonbury n’est pas juste un hall of fame, qui devrait épingler les artistes les plus renommés, et d’autre part compte tenu du fait que nous connaissions déjà 2 têtes d’affiche: Foo Fighters et Kanye West, il ne restait qu’une seule place pour faire une annonce ébouriffante, mais nous n’avons pas eu ce dernier nom. Peut être est-ce une part de la frustration, consécutive à une longue attente. Quoi qu’il en soit les spéculations vont bon train, concernant ce 3eme nom… mais je ne vais pas revenir sur ce sujet.

Encore une fois, même si Glastonbury a fini par acquérir une notoriété telle, que les plus gros artistes sont susceptibles d’y être programmés, ce n’est pas ça qui en fait la spécificité. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que Glastonbury a été créé par un Michael Eavis, dont on semble oublier qu’il est un véritable amateur de musique, et à l’esprit très ouvert. N’oublions pas que Glastonbury a établi de longue date des relations avec des groupes qui s’y sont produit en début de carrière, c’est le cas de la majorité des groupes britanniques des années 90, comme Blur, Oasis, The Verve, Radiohead… Si aujourd’hui ces groupes là, et bien d’autres encore feraient l’événement en étant annoncés comme tête d’affiche, à l’époque Glastonbury a su les mettre en valeur. Et par voie de conséquence, Glasto étant en capacité de proposer une affiche comportant de tels noms devenus célèbres, d’autres artistes ne faisant pas partie du giron d’origine, peuvent faire l’exception pour venir se produire ici. Le corollaire de tout ça, c’est que ce festival à la programmation de pointe et d’avant garde, est devenu the place to be, fréquenté aussi par un public moins averti qu’avant l’actuel millénaire, et davantage en attente de quelque chose de très people. Ce que Glastonbury a toujours su faire, aussi, c’est énormément diversifier sa programmation, et ne pas se cantonner à un style mainstream guidé par l’air du temps. C’est ce que nous voyons aujourd’hui avec l’arrivée des artistes hip-hop Kanye West, et Jay-Z en 2008, mais aussi de façon plus plus radicale, en programmant sur la Pyramide le English National Opera, en 2004. Ce festival cultive la diversité, et je ne parle pas seulement des spectacles non musicaux de la zone Theatre & Circus, mais bien de la programmation musicale qui est riche de divers styles, et diverses générations. Alors, oublions les têtes d’affiche, et analysons cette affiche à l’aune de ces considérations pour voir si le millésime 2015 sera une bonne cuvée.

De mon point de vue c’est bel et bien le cas. En haut de l’affiche nous avons donc inattendu et controversé Kanye West qui donne la touche anticonformiste, les Foo Fighters constituent une bonne tête d’affiche guitar band qui vient contrebalancer le poil à gratter Yeezy. Florence + the Machine, qui était très attendue, et même prévisible n’est donc pas tête d’affiche comme l’avait bien précisé Emily Eavis (cf. Ni AC/DC, ni Adele, ni Coldplay, ni Florence). Comme elle l’avait dit à cette occasion, elle aurait pu être en tête d’affiche (quoique…), mais le fait est que c’est une bonne artiste. Toujours en ce qui concerne le haut de l’affiche on trouve l’omniprésent Pharell Williams dans les festivals européens cette année, et je ne suis donc absolument pas surpris de le voir là. C’est pas mon truc, mais là encore on ne peut pas lui contester ses qualités, c’est un génie de l’ombre passé avec brio à la lumière, donc c’est bien qu’il soit là. Alt-J, me paraissent un peu surcotés à cet emplacement, mais bon… Lionel Ritchie, on sait déjà depuis des mois qu’il serait là, idéal pour le sunday tea time slot. Jusque là il n’y a pas de surprise qu’elle soit bonne ou mauvaise, mais quitte à tout ramener à moi, il fort peu probable que je ne voie qui que ce soit dans la liste précédente.

Pour moi, c’est à partir d’ici que ce programme prend tout son sel. D’abord Motörhead. Je ne suis pas grand amateur de Hard Rock, ou Métal dit-on aujourd’hui, mais le groupe est ancien, j’utilise donc le terme de l’époque. En dépit de relatif désintérêt pour ce style, je connais un peu le groupe, son histoire, et leur leader Lemmy qui a un temps fait partie de Hawkwind qui revient largement dans l’histoire de Glastonbury. C’est incontestablement un grand groupe, une pièce d’histoire, qui vaut à mon avis le coup d’être vu.

Alabama Shake, est un groupe récent à la fois bon et très intéressant. Donc du son neuf qui de mon point de vue à toute sa place aussi haut sur l’affiche.

Patti Smith. Que dire? Juste que c’est là encore de l’histoire, avec un grand H.

Les Chemical Brothers reviennent à Glastonbury. Je leur avait préféré Coldplay en 2011, d’une part parce que je n’avais jamais vu ces derniers, et d’autre part parce que j’en voulais aux Chems le concert bâclé qu’ils nous avaient donnés au Bataclan en 1998. J’ai un peu regretté ce choix, c’est donc pour moi l’occasion de suivre la session de rattrapage. S’ils sont sur l’Other Stage en face de Kanye, il risque d’y avoir plus de monde devant la 2eme scène!

The Waterboys, il étaient avec les Chemical Brothers dans Ma wishlist. C’est une super bonne nouvelle pour moi. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, c’est un groupe né au début des années 80 qui avait flirté sur le mouvement New Wave / Folk, un peu dans le genre de U2, et qui est parti vers un concept plus radical un peu comme les Levellers. Si ces derniers sont l’incarnation du mouvement travellers, ce n’est pas le cas des Waterboys. A l’époque où les raves n’étaient que des fêtes improvisées dans la campagne anglaise, et où les DJ enchaînaient les disque sans considération particulière consistant à ne passer que de l’électro, mais en mélangeant aussi de la pop souvent celle des groupe baggy de Madchester, à cette époque, la légende dit qu’au lever du Soleil on passait souvent The Whole of the Moon des Waterboys. Ils ne sont pas passé beaucoup à Glastonbury pour ce que je peux en savoir, je dirais 2 fois… Mais c’est un groupe qui cadre parfaitement à l’esprit du festival. J’attends avec impatience d’entendre sur place The Glastonbury Song.

Je ne savais pas que The Moody Blues existaient encore. Tout le monde connait le méga tube de 1967 Nights In White Satin. La chanson a même inspiré Léo Ferré pour C’est Extra. Mais sans doute ce morceau a-t-il éclipsé tout le reste. Pourtant c’est un des premiers groupes qui est considéré comme l’un des fondateurs de la musique progressive, qui a vendu des millions d’albums (et non pas uniquement un single). Notons qu’on leur attribue la création du tout premier concept album de l’histoire du rock. Encore une pièce de collection posée dans le musée de Glasto.

Suede une des incarnation de la brit pop des années 90, devrait nous permettre un joli retour en arrière aux années folles de Glastonbury, histoire de nous rappeler qu’à l’époque il n’y avait pas qu’Oasis et Blur.

Et FFS, le combo improbable de Franz Ferdinand et des Sparks! Je pense que ça peut donner un truc très intéressant… et très décalé. Je m’attends à du show sur ce coup là.

Et pour nous plonger encore dans les années 90, la vraie surprise pour moi de ce line-up, c’est Spiritualized. Parfois il me semble que ce groupe est une pierre précieuse qui n’a pas été déterrée. C’est un groupe apparu à peu près en même temps que The Verve, je les ai découverts en même temps, et je me suis toujours dit que le groupe le plus connu des deux n’était pas le bon. Spiritualized, et plus particulièrement son leader Jason Pierce, ont produit une quantité considérable de morceaux plus beaux les uns que les autres, des albums d’une cohérence totale dont certains comme Ladies and Gentlemens we are Floating in Space n’ont rien à jeter. J’ai eu la chance de les voir il y a plus de dix ans, et je pense savoir ce qui a manqué à ce groupe pour prendre la place qui lui revenait, c’est le manque total de charisme, voire la timidité maladive de Jason Pierce. Mais si je devais conseiller à quelqu’un d’aller découvrir un groupe qu’il ne connaîtrait pas à Glastonbury cette année c’est celui là. Si vous voulez vous en convaincre, trouvez les morceaux: Think I’m In Love, 200  bars, Shine a Light, Cop Shoot Cop…

Comme disait Desproges l’age mur est celui qui précède l’âge pourri, et comme je ne voudrais pas vous laisser penser que je ne m’intéresse qu’aux vieilleries des 90 voire plus tôt, je vais aussi évoquer Jungle qui sont présent à l’affiche. J’aime beaucoup le son de ce groupe, a voir donc.

Groupe récent aussi, je voudrais absolument voir Goat que j’avais ratés en 2013. Ca a l’air complètement barré et spectaculaire.

Voila donc pour l’instant ce que je retiens de cette affiche, en regrettant en particulier de ne pas y voir deux noms: The Charlatans, et Public Service Broadcasting. Cependant, les premiers s’étant auto-confirmés on peut penser qu’ils seront bel et bien là, même si l’annonce a depuis été enlevée. Peut être apparaîtront-ils sur le slot surprise du vendredi matin en ouverture de l’Other Stage, je les verrais bien là. Pour ce qui est de Public Service Broadcasting, ils ont sorti cette année un album sublime retraçant la course à la Lune The Race for Space, et pour tout dire j’attendais beaucoup leur présence cette année. Mais les 74 noms de cette affiche, sont loin de constituer la totalité de la programmation du festival. Cela représente l’équivalent de 5 noms par jour sur les 5 plus importantes scènes du festival (Pyramid, Other stage, West Holts, The Park, John Peel). Mais en fait tous les noms présentés, et ceux qui manquent vont devoir remplir aussi bien d’autres scènes, comme l’Acoustic stage, the Glade, Avalon, et toute la zone Silver Hayes, sans compter aussi la zone Sud-Est. Il manque donc encore beaucoup de noms au programme, qui s’ils ne sont pas forcément très médiatiques ne sont surement pas sans intérêt.

 

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