Ceux qui sont familiers de Glastonbury savent que des années de break sont prises régulièrement, et que justement 2018 en sera une. Nous sommes donc en fin de cycle, et le moment est peu propice à des changements substantiels. En effet, c’est plutôt à l’occasion des années de jachère que sont pensées les modifications en profondeur du site. La dernière en 2012 avait donné lieu à une refonte complète du Dance village qui était devenu Silver Hayes, du déplacement d’Arcadia, et de la création de la zone William’s Green. Les années suivantes avaient amené leurs lots de modifications, mais bien moindres, le plus important ayant été un nouveau déplacement d’Arcadia, probablement parce que sa position initiale était peu adéquate. Notons aussi le déménagement de Strummerville, qui a eu lieu en 2015. L’édition 2017 proposera donc quelques nouveautés, comme il y en a chaque année, mais elles resteront assez modestes.
Cineramageddon, un cinéma drive-in américano-cubain créé par Joe Rush et programmé par Julien Temple.
Joe Rush, artiste plasticien issu de la communauté travellers, et qui fait partie des intervenants permanents de longue date à Glastonbury, a conçu un nouvel espace cette année. Il s’agit d’un cinéma drive-in sur le parking duquel sont garés des véhicules de style americano-cubain des années 60, face aux véhicules sera installé un écran géant. Vous pourrez donc vous installer dans les voitures pour regarder les films. Le son, lui, sera diffusé dans la voiture au niveau du rétroviseur. Si Joe Rush est à la manœuvre concernant le décor, c’est Julien Temple qui sera le programmateur de ce cinéma de plein air. Julien Temple, encore un habitué des lieux! Tout d’abord, il existe un témoignage de lui racontant le moment où il a pour la première fois vu David Bowie, à Glastonbury justement, en 1971. Il a aussi réalisé deux documentaires sur le festival: Glastonbury After Hours pour la BBC en 2012, mais surtout le fameux Glastonbury de 2006 qui fut diffusé en salle. Notez en passant que ces deux films ont été réalisés pendant les deux dernière jachères. Peut-être en y aura-t-il un nouveau en 2018… Julien Temple est un réalisateur bien connu, qui a toujours gravité autour du monde du rock. A son actif on compte: La Grande Escroquerie du Rock’n Roll, et Absolute Beginers. Il a aussi réalisé de nombreux clips au nombre desquels on note un groupe français: Téléphone, Argent Trop Cher. Proche des Sex Pistols en particulier, et du mouvement punk en général, Julien Temple a été le principal documentariste de ce courant musical. N’oublions pas qu’il y a une salle de cinéma dans l’enceinte de Glastonbury: le Pilton Palais, l’objet n’est sans doute pas de la dupliquer, Cineramageddon doit donc avoir un axe de programmation original. Ce que l’on sait pour l’instant, c’est que son film sur les Sex Pistols La Grande Escroquerie du Rock’n Roll (The Great Rock ‘n’ Roll Swindle) sera diffusé, mais il y a tout lieu de penser que l’on trouvera là une programmation très orientée vers des sujets musicaux.
Truth stage, une nouvelle scène au sein de Shangri-La, thématisée métal.
Le style métal, historiquement assez peu présent à Glastonbury, va avoir enfin sa scène dédiée. On se souvient de la controverse qu’avait créé la programmation de Metallica en tête d’affiche en 2014. Finalement, les choses ne s’étaient pas si mal passées, et l’événement avait définitivement acté que la lacune de ce courant musical devait être comblée. Glastonbury a ceci de particulier de s’ouvrir à absolument tout style musical, et ne cherche pas à être un festival d’élite pour amateurs éclairés et ultra-branchés. Ne pas y programmer de métal, sauf quelques rares exceptions, était donc un manque évident. Ce n’était pas suffisant de se contenter de Metallica ou Motörhead sur les grandes scènes, il manquait aussi un espace de découverte pour des groupes moins connus. Si l’on considère bien que des scènes comme the Park orientée indé, West Holts qui mélange world, funk, rap avec pop/rock, et Silver Hayes avec son offre tous azimuths en électro, mais aussi funk ou hip-hop, il manquait réellement ce nouvel espace. Chose faite donc du côté de Shangri-La où la Truth stage va s’installer. Cette scène qui s’inscrit dans la scénographie de la zone, sera installée dans un wagon de métro, aussi nommé Earache Express. Shangri-La évolue d’année en année, et chaque édition est un épisode d’un scénario global. En résumé en 2017, tout ce qui a précédé a disparu, il ne reste plus rien qu’un tas de résidus, comme une gigantesque déchetterie. Au milieu des déchets on trouvera don un vieux wagon de métro. La programmation de la Truth stage a été confiée au label Earache, qui est un (le?) label britannique de référence, une institution en matière de métal. La toute première tête d’affiche de cette scène sera Napalm Death, programmés jeudi soir, probablement pour éviter tout clash majeur à l’occasion de cette inauguration.