Cette année, le festival de Glastonbury se déroule du 21 au 25. Cela signifie que le grand-chellem Stonehenge+Glastonbury n’est pas réalisable, et qu’il n’est donc pas nécessaire de partir dès le lundi. Nous avions donc prévu, avec mes camarades de cette année, de partir au dernier moment, à savoir le mardi. Pour la première fois, je n’avais pas posé la semaine entière de congés pour le festival, et j’avais travaillé le lundi précédant le départ. Jusqu’au dernier moment je suis donc resté dans ma routine quotidienne, et le mardi, jour de départ, commence lui aussi comme tous les matin de semaine, en accompagnant ma petite Kiki à l’école. Au moment de la quitter, nous évoquons Glastonbury auquel elle a pu participer deux fois (2014 et 2015). Elle m’en veut un peu de pas l’emmener, et regrette plus particulièrement de ne pas pouvoir assister à cette édition où va se produire Katy Perry qu’elle aime particulièrement. Je lui promets d’aller voir ce concert pour prendre quelques photos, et que de toute manière je trouverai le moyen de lui en montrer l’intégralité sur Internet. Nous nous quittons au seuil de l’école après un gros câlin.
Cette édition 2017 démarre dans un étrange sentiment de routine. Le passage sans transition de la routine quotidienne, à un voyage, qui lui aussi est devenu routinier. Glastonbury aurait-il perdu de sa magie?
Je pars ensuite rapprocher la voiture de chez moi pour éviter de porter la tente trop loin. Cette dernière est particulièrement lourde. Quelques allez-retours entre la maison et la voiture, et nous partons avec Béa boire un verre en terrasse en attendant l’arrivée de mon premier compère: Sylvain. Cette année nous sommes 4, et pour la première fois Hub n’est pas du voyage. De tous les membres de notre équipe ayant participé aux diverses éditions de Glasto, je serai donc le seul, cette année, à avoir été présent à chaque fois. Hub avait été le premier avec qui nous avions échafaudé le projet d’aller à ce festival, la première fois que nous en avions parlé, c’était il y a tout juste 7 ans, en 2010. L’année dernière nous avions évoqué une forme de lassitude, peut-être était-ce davantage un certain désenchantement. En 5 éditions, nous avions arpenté tous les chemins de la Worthy Farm, et vu tant de choses incroyables. Nous étions devenus, je crois, un peu blasés. Pourtant, en Octobre encore, Hub avait participé à la pré-vente et notre fiasco. Mais voilà, au moment de la revente, il s’était désisté. L’équipe est donc, cette année, composée de Fred qui est présent chaque fois depuis 2013. Il complètera donc comme moi le cycle qui s’est déroulé entre les jachères de 2012 et 2018. Laurent qui était là l’année dernière, et participe à son deuxième festival. Et Sylvain, qui était avec nous en 2015, et qui lui aussi en sera à sa deuxième édition. C’est lui justement que nous attendons avec Béa en terrasse. Nous avons rendez-vous à 10h00, avec comme objectif de nous rendre en Normandie, chez les parent de Fred, où nous devons tous nous retrouver à midi. Il fait chaud, la canicule règne sur toute la France depuis plusieurs jours…
Nous passons donc avec Béa un petit moment à discuter. J’évoque justement un sentiment étrange. J’ai du mal à conceptualiser que je vais une fois de plus à Glastonbury, et que l’excitation des premières années a complètement disparu. Il est clair que je sais maintenant exactement où je vais, et l’effet de surprise a complètement disparu. J’évoque aussi nos échanges de l’année précédente avec Hubert. Et en plus, la programmation de cette année ne m’enthousiasme pas du tout. Avec l’annulation de The Can Project, mon point d’orgue devrait être la soirée The Orb jeudi. Après, j’ai décidé de prendre le festival comme il vient, en faisant ce que nombre d’habitués m’avaient conseillé les premières années: ne pas avoir de programme. Lors de cette conversation, j’évoque aussi la jachère de 2018, et le fait qu’il n’y aura donc pas de festival l’année prochaine. Avant l’édition 2011 j’étais ravi d’avoir eu la chance d’obtenir ma place, et je n’envisageais pas réellement de retourner à Glastonbury. Lachose était juste exceptionnelle. Après la jachère de 2012, et donc après deux ans de pause, nous avions finalement décidé de rééditer cette exceptionnelle aventure. A ce moment là, Béa m’avait dit: « tu vas y retourner chaque année ». Et c’est bien ce qui s’est passé. Mais, maintenant, je lui explique que je n’y retournerai pas en 2019, et que j’espère peut-être pouvoir participer une dernière fois au festival pour son cinquantième anniversaire, en 2020. J’attends cette année là un évènement exceptionnel. Le départ d’aujourd’hui est donc le dernier avant trois ans, et peut-être le dernier tout court si nous n’avons pas les places en 2020. Je veux donc profiter des lieux au mieux, dans une optique plus contemplative que d’habitude.
Un départ sans heurts, efficace, et bien huilé, dans une atmosphère de canicule. Glasto 2017 s’annonce comme une édition sans histoire.
Pile à l’heure, Sylvain arrive. Nous buvons à trois un autre café, et puis ne tardons pas à partir. La route est longue jusqu’à Glastonbury, et le programme est serré. Nous roulons deux heures, comme prévu, pour arriver dans le petit village de Normandie où se trouve la ferme des parents de Fred. Nous arrivons en même temps que Laurent qui nous suit pendant les dernières centaines de mètres. Nous sommes pile à l’heure: midi! En sortant de la voiture climatisée, la chaleur étouffante oppresse instantanément, et c’est avec plaisir que nous acceptons un pastis bien frais, proposé par le père de Fred. Fred, lui, nous presse, il ne faudrait pas manquer le bateau. Nous buvons donc rapidement, et grimpons tous dans le large véhicule de Fred. En effet, il était en définitive plus simple de laisser nos voitures respectives sur place, et n’en prendre qu’une seule. Celle de Fred étant la plus grosse, et d’ailleurs la seule à pouvoir emporter tous nos bagages, le choix était évident. Vers midi vingt nous partons direction Calais, où nous arrivons peu avant 15h00. Par chance, une fois les contrôles douaniers et administratifs passés, lorsque nous nous alignons sur le parking d’embarquement, on nous indique déjà d’embarquer. Sans attendre nous sommes garés dans le ferry, et quelques instants plus tard, nous sommes sur le pont. Le ferry avance doucement, sur la plage de Calais, en ce jour de canicule, on découvre des centaines de personnes qui sont venues chercher un peu de fraicheur à la mer.