L’essentiel de cet article était en fait en cours de rédaction, presque finalisé, lorsque a été annoncée l’annulation du Glasto 2021 (cf. Glastonbury 2021 annulé). J’y expliquais les raisons qui me poussaient à conclure que j’aurais été surpris si le festival avait été organisé cette année.
La crise de COVID est à son paroxysme au Royaume-Uni, et le futur est incertain.
Le Royaume-Uni vient de passer le pic de contamination de ce qu’on peut considérer comme une 3eme vague. Ce dernier a grimpé 68053 contaminations le 8 janvier dernier. Signe que cette vague est d’une ampleur majeure, la 1ere vague avait culminé à 5500 cas le 22/04/2020, et la 2eme à 33517 le 12/11/2020. Plus du double du pic précédent. En cause, selon toute probabilité, le variant dit « britannique » qui est plus contaminant. Aujourd’hui, le nombre de contaminations a nettement baissé outre Manche pour s’établir aux alentours de 33000 cas quotidiens. Cependant, en dépit de cette baisse des contaminations, aujourd’hui, le pays enregistre un nombre record de décès, avec 1610 morts dans la journée. Source: BBC News.
La situation en Grande-Bretagne est catastrophique, probablement parce qu’elle est le territoire d’où a émergé ce variant si contagieux. Le gouvernement compte sur le confinement de 6 semaines établi le 4 janvier dernier (ce qui nous amène à mi février), et la campagne de vaccination, pour normaliser la situation. Il ne faut donc raisonnablement pas penser que les organisateurs de Glasto pourront correctement travailler avant fin février. Je rappelle aussi que le festival est très largement lié à la situation internationale, car un grand nombre d’artistes, mais aussi une partie du public, viennent de l’étranger. Or, comme je l’évoquais plus haut, le variant du COVID qui est parti de Grande-Bretagne, va certainement se répandre dans le Monde. Ce variant détecté mi décembre (source: Le Figaro) a provoqué une vague de contamination un mois plus tard, c’est probablement le temps qu’il faut attendre pour en voir les effets dans les territoires où il apparaît.
En France, la situation sanitaire est moins critique, mais Ben Barbaud, l’organisateur du HellFest n’en n’est pas moins inquiet…
La situation actuelle pose un problème crucial pour les organisateurs de festival, qui ont besoin de visibilité. C’est le cas aussi pour Ben Barbaud, organisateur du HellFest, qui se déroule approximativement au même moment que le festival de Glastonbury. On peut donc imaginer que ses préoccupations sont les mêmes que celles de Michael et Emily Eavis. Ce qu’il demande aujourd’hui, en s’adressant à la ministre de la culture, c’est des garanties sur la tenue de son festival. Or, lui même est pessimiste sur une hypothétique réponse, car quel gouvernement irait prendre des engagements dans une telle situation? Quant il obtiendrait une réponse, faudrait-il encore qu’elle soit positive! Il évoque, éventuellement de conditionner l’accès au festival à des tests PCR (Source: France Inter), mais si on y songe un instant c’est irréalisable. Imaginons un festivalier qui a traversé la France, voire une ou deux frontières se voir refuser l’accès. On le renvoie chez lui comme ça? On le rembourse? On fait comment avec les cas contacts, comme les 3 ou 4 gars qui l’ont accompagné dans la voiture? Et si c’est un artiste qui est positif, on prend le risque d’annuler 10% des concerts? Pire si le virus se propage dans les équipes d’organisation, la désorganisation peut être totale.
On comprend donc qu’une telle situation ne permet pas de donner la visibilité nécessaire à l’organisation de festivals.
A l’heure actuelle, en coulisses, les organisateurs de Glasto devraient avoir signé les contrats avec les principaux artistes. En temps normal nous aurions déjà un ou deux noms, et les rumeurs devraient aller bon train. Compte tenu de tout ce que j’ai dit plus haut, on comprend qu’il n’en n’est rien. Et si l’on se projette au delà de février, on se doute qu’aucun gouvernement ne va donner aucune garantie sur la possibilité ou non de tenir un festival 4 mois plus tard. Par ailleurs, il restera probablement toujours beaucoup d’indétermination dans la situation mondiale relativement au COVID. Il faudrait donc un alignement des constellations particulièrement heureux, et rapide, pour que l’on se retrouve dans une situation garantissant aux organisateurs de pouvoir investir sans crainte des millions dans l’édition 2021. Tant d’incertitudes, à 5 mois de la date prévue, me laissent à penser qu’il n’y aura pas de Glasto cette année encore.
S’ajoute au contexte COVID, une nouvelle problématique liée au Brexit: celle des visas. Après nous avoir annoncé que les tickets réservés pour 2020, seraient encore reportés à 2022 si l’édition 2020 était annulée, Emily Eavis vient de s’exprimer à propos de cette histoire de visas (source: Music Week). Mais ce n’est pas ce type d’intervention que nous attendions de sa part… Nous voulions des nouvelles du Glasto 2021. Et nous les avons finalement eues.