Michael Eavis interviwé par la radio locale BBC Sommerset évoque l’organisation du festival de Glastonbury, et surtout le retour de Live Nation.
Je disais dans mon article précédent, que c’était désormais Emily Eavis qui incarne la voix officielle de Glastonbury (Cf. Annonces Emily Eavis). Et voici que Michael s’exprime. Mais cela ne contredit pas vraiment mon propos précédent. Alors qu’Emily a annoncé Little Simz sur la principale radio nationale, Michael s’exprime sur BBC Sommerset (l’équivalent en France serait France Bleu) pour évoquer des sujets plus annexes. Lors de cette interview, Michael ne donne pas d’information choc. D’une part il répète ce que sa fille avait dit précédemment. Il évoque Little Simz, un premier jet de line-up sera dévoilé fin février, et une affiche en mars. Donc, rien de nouveau en ce qui concerne le sujet qui monopolise généralement l’attention; la programmation. Mais d’autre part, il évoque un sujet moins médiatique, et pourtant important, le retour de Live Nation à Glastonbury.
Petit point historique: la chronologie de l’organisation de Glastonbury.
Le festival de Glastonbury a été créé en 1970 par Michael Eavis sous le nom Pilton Pop, Blues & Folk Festival. Cette édition est une catastrophe économique. En 1971, Andrew Kerr et Arabella Churchill organisent la 2eme édition appelée Glastonbury Fayre, sur fond propres. La notion de rentabilité économique n’a pas de sens car il s’agissait d’un free festival. Il faut ensuite attendre 1979 pour que Michael Eavis associé avec Andrew Kerr et Arabella Churchill décident à nouveau d’organiser une Glastonbury Fayre, puis de l’ensemble des éditions du Glastonbury Festival. De ces années là à 2000, tout est géré par Michael et son entourage. Du point de vue économique, ce sont les associations, CND d’abord, et ensuite Oxfam et Green Peace, qui épaulent les organisateurs. Durant toute cette période assez épique, l’organisation de Glasto n’est pas aussi huilée qu’aujourd’hui, et même chaotique. Pour plus de détails je conseille la lecture des pages histoire de Glastotrip, et plus particulièrement du chapitre 7 – Les débuts de l’ère moderne, jusqu’au chapitre 11 – Fin de millénaire. Ça se termine en 2000 par une édition mythique, mais qui aussi complique les relations entre le festival et la municipalité.
Après une année de pause le festival reprend en 2002. Mais il est devenu indispensable de mettre en place une organisation très rigoureuse. Et c’est à ce moment qu’est fait appel à Festival Republic, en la personne de Melvin Benn. A l’époque cette société créée presque 20 ans plus tôt n’était pas un mastodonte. Mais elle organisait déjà bon nombre de festivals dont, entre autres Reading, qui était le plus gros britannique. En 2005 Festival Republic est tombé sous le contrôle de Live Nation, qui est aujourd’hui une entreprise gigantesque de promotion de spectacles. Glastonbury entre donc en 2002 dans le giron de cette grosse société de production.
La collaboration entre Glastonbury et Festival Republic continue jusqu’à la jachère de 2012. La fin de cette collaboration semble avoir été une sorte de divorce par consentement mutuel, sans heurt. Il paraissait étrange qu’à une époque où de grosses sociétés comme Live Nation commencent à concentrer tous les grands festivals, le plus grand des indépendants soit géré par l’une d’elles. Exit Melvin Benn, et c’est Robert Richards, qui travaillait déjà de longue date au sein du festival, qui prend la direction commerciale.
Le décès subit de Robert Richards a bouleversé l’organigramme de l’organisation.
Mais voici que le 12 janvier 2022, Robert Richards décède subitement. Le festival se retrouve donc sans la personne en charge de s’occuper ses aspects logistiques. Michael et Emily s’occupent de la direction artistique, mais il faut quelqu’un pour gérer la relation avec l’ensemble des prestataires, la municipalité, les sponsors, etc… Probablement dans l’urgence, Michael et Emily Eavis se sont donc tournés vers Melvin Benn pour lui demander de réintégrer l’organisation de Glastonbury. Avec lui nous voyons donc le retour de Festival Republic et Live Nation à l’organisation du plus grand festival indépendant d’Europe, voire du Monde. Certes c’est davantage Melvin Benn qu’il faut considérer dans cette décision. Mais on peut s’alarmer de voir Glastonbury s’ajouter au processus de concentration de l’organisation de spectacles, aux mains d’une société comme Live Nation, et quelques concurrents.
Autre information évoquée par Michael Eavis à propos de l’organisation. Pass sanitaire, ou non…?
Michael Eavis indique que l’une des premières tâches à laquelle Melvin Benn devra se consacrer, sera la problématique des consignes liées à la pandémie en cours. En particulier, bien que pour l’instant cela ne soit pas nécessaire, d’ici l’ouverture du festival, le gouvernement pourrait imposer un pass sanitaire. A l’échelle de Glastonbury il faut envisager bien à l’avance une telle alternative.