A force de lire des pages et des pages en anglais, on en vient à penser anglais. Du coup il m’est venu à première vue le mot « walkthrough » comme titre de cet article. J’ai regardé les traductions disponibles, il en existe deux: « visite » ou « guider pas à pas ». Il se trouve que l’article que je veux écrire ici tient de ces deux sens. Du coup, le mot anglais m’a paru particulièrement adéquat et je l’ai laissé comme titre.
Une promenade imaginaire et contemplative du Nord au Sud à travers le site de Glastonbury.
Je veux ici faire une promenade imaginaire. Peut être la ferai-je avec ma fille pour lui faire découvrir le site. Ou peut-être ne la ferai-je pas, car en définitive la meilleure chose qui soit à Glastonbury c’est de se perdre, et surtout de quitter les sentiers battus. Il y a des millions de choses à y découvrir. Ceux qui connaissent reconnaitront les lieux, les autres les auront ainsi une idée de l’atmosphère. Mon conseil, est donc de lire ces lignes pour vous donner envie, et de tout oublier avant d’être sur place.
Imaginons nous mercredi matin. La tente vient d’être plantée, il n’est pas encore midi, rien aucune animation n’a encore débuté. Commençons la promenade au cœur du festival à William’s Green. Là, la majorité des cafés sont ouverts, il est possible de commencer le séjour ici, en reprenant quelques forces avec un café et un doughnut par exemple. De là on contemple la Tower of Strength renommée il y a quelques années Tour Tony Benn. Je méditerai sur le symbole de cette tour, où les personnages s’unissent pour tirer une corde, et que leur mouvement vers l’arrière leur permet d’avancer vers la construction d’un objectif commun.
Je marche vers le Sud, en direction de West Holts, juste avant d’y parvenir, il faut franchir Yeoman’s Bridge. Cet endroit est un point où l’histoire de Glastonbury s’est écrite. Lors de l’édition 1990, le lundi, alors que les campings se vidaient, un traveller fouillait dans les tentes de l’un d’entre eux. Là les témoignages divergent, certains disent qu’il fouillait des tentes abandonnées (il en reste chaque année des tonnes), d’autres disent qu’il était en train de voler. Se basant sur cette seconde hypothèse, la sécurité intervient, et l’évènement dégénère en émeute opposant travellers et sécurité, puis travellers et police. Une reconstitution de la bataille est disponible sur l’excellent site UKRockFestivals, elle est basée sur une somme de témoignages. Les conséquences sont catastrophiques. Durant la répression effectuée par le gouvernement de Margaret Thatcher sur les free festivals, et plus particulièrement lorsqu’ en 1985, les forces de police s’en était pris à un convoi de travellers qui se dirigeait vers Stonehenge, lors de la Battle of the Beanfield, les rescapés de cette rafle avaient pu trouver refuge à Glastonbury. Depuis ce temps là ils disposaient d’un champ où ils pouvaient accéder gratuitement. En 1991, à cause de la Bataille de Yeoman’s Bridge, le festival est annulé. C’est la première année de jachère. Le festival reprend en 1992, mais les travellers ne sont plus les bienvenus, seuls ceux dont Michael Eavis a une entière confiance, sont embauchés au sein de l’organisation.
Je continue à travers West Holts dont les premiers stands on pris vie, mais dont la scène déserte, ne s’animera pas avant mercredi. Je continue tout droit, et remonte les pentes des Green Fields qui eux non plus ne sont pas encore animés, tout en haut, passé un porche végétal s’ouvre l’espace sacré (Sacred Space), avec le cercle de pierre en son centre. Sur la gauche du champ, se trouve le dragon, une fontaine étrange, caché dans un bosquet. C’est ce dragon qui avait donné son nom au camping voisin (Dragon field) qui n’est plus accessible depuis 2013.
Ces lieux sont paisibles, il est agréable de s’y arrêter un moment pour être un peu à l’écart de la foule qui commence déjà à investir le site. Le point le plus élevé de tout Glastonbury est juste au dessus au sommet du Sacred Space. C’est là que se trouve le tas de bois qui sera embrasé ce soir, il faudra donc revenir vers 21h00 pour assister à ce spectacle. Mais de ce point de vue élevé, la vue est bouchée, pour y voir mieux, il faut se rendre à the Park.
Je quitte donc le Sacred Space, et continue à niveau vers le Tipi Field qui lui non plus ne s’est pas animé. Mais en traversant ces lieux il est possible déjà de s’imprégner des vibrations de Glastonbury. Un peu plus loin on rejoint la mi pente de the Park, juste à la hauteur de la tour de rubans. C’est juste au dessus, près du signe Glastonbury, qu’on a la meilleure vue sur le festival. C’est là qu’on en prend toute la mesure, et que l’on prend conscience de l’endroit où on est arrivé.
C’est bien de rester là, en attendant l’heure du déjeuner. Pour manger dans the Park, il y a la Thali Café ou la Roaming Rotisserie. En début d’après midi, c’est le moment idéal pour visiter Green Futures, où toutes les scènes commencent à s’animer. J’entre alors au hasard dans Toad Hall, Speaker’s Forum, Small World, et la Mandala stage. C’est le moment de récupérer un peu de la nuit passé devant la porte en s’installant dans l’herbe et chiller un peu.