Avec le retour de Car Henge sur William’s Green, il est intéressant de revenir sur la compagnie Mutoïd Waste, et son fondateur Joe Rush, tant elle est liée à l’histoire de Glastonbury. Pour une grande part, l’image du festival est liée à Mutoïd Waste.
Avertissement: Pour mieux comprendre ce qui suit, je conseille la lecture des pages Histoire, et plus particulièrement des chapitre 8 et 9.
Le groupe Mutoïd Waste a émergé dans le sillage des travellers au moment où ce mouvement commence à se fondre dans la techno culture émergente, et où les free-festivals sont progressivement remplacés par les raves. A l’origine de cette troupe, on trouve Joe Rush et Robin Cooke. Au début des années 80, les membres de Mutoïd Waste sont des marginaux, à mi chemin entre travellers et post punk. Ils vivent dans des squats, où ils trouvent l’espace leur permettant de construire leurs créations imposantes. Le collectif britannique peut faire penser aux français Royal Deluxe apparus à la même époque. Ils ont en commun de proposer un théatre de rue, très visuel, axé sur l’inventivité, les décors, les costumes, et surtout la récup. J’ai eu la chance de voir Royal de Luxe à leur débuts au festival de Florac (un Glastonbury qui a échoué), lorsque la troupe était basée dans les Cévennes. Une archive de l’INA montre des images du même spectacle que celui auquel nous avions assisté: https://fresques.ina.fr/en-scenes/export/player/Scenes00633/wide
Ce qui diffère nettement avec Mutoïd Waste, c’est la thématique post apocalyptique dont ils n’ont jamais dévié. Alors que Royal de Luxe s’est tourné vers des automates géants très biologiques, la bande à Joe Rush a toujours axé son travail sur des véhicules, et les ont détourné pour en faire des ORNI (Objets Roulants Non Identifiés), ou simplement des décors statiques.
C’est peu après l’arrivée des travellers à Glastonbury, qu’on voit débarquer Mutoïd Waste sur place. Ils participent au décor du festival off tenu par les travellers, et en 1987 construisent l’emblématique Car Henge. Dans cette oeuvre fusionnent beaucoup de concepts symbolisant Glastonbury. On y trouve la patte de Mutoïd avec le recyclage de voitures. On y trouve une référence à Stonehenge, qui à la fois fait partie du mysticisme local, mais est aussi le lieu d’où les travellers ont été chassés avant d’arriver à Glastonbury. A partir de ce moment Mutoïd Waste devient indiscossiable du festival de Glastonbury. Lorsque après les évènements de 1991, le champ des travellers est supprimé, la troupe est intégrée à l’organisation. Ils continuent à intervenir dans le festival, le décorant et l’animant.
Aujourd’hui le travail de Mutoïd Waste reste très visible à Glastonbury. On ne verra plus Cineramageddon qui disparait cette année, mais Unfair Ground et Glastonbury on Sea sont entièrement conçus par cette équipe, on doit Arcadia à Pip Rush, le frère de Joe. Et donc cette année une nouvelle version de Car Henge va être érigée sur Williams Green.
Par ailleurs, tout comme Royal de Luxe évoqué plus haut, Mutoïd Waste s’est institutionalisé, voire imposé dans le paysage culturel britannique. Arcadia a voyagé un peu partout dans le pays, y compris à l’étranger. Joe Rush a plusieurs fois participé à Burning Man, et couronnement de la troupe ils ont été sélectionnés pour participer aux cérémonies des jeux Olympiques de 2012. Des oeuvres de Joe Rush sont conservées dans les collections permanentes du Victoria & Albert Museum.
